Spécificité de la Réserve Naturelle de Montenach
Au cœur du pays des Trois Frontières, le village de Montenach occupe le centre d’une ceinture de sept collines nées de l’entaille du plateau lorrain par différents ruisseaux.
Les versants sud/sud-ouest de six d’entre elles sont protégés profitant d’un taux d’ensoleillement exceptionnel : c’est la Réserve Naturelle Nationale de Montenach, d’une superficie totale de 107 hectares. Elle recouvre les collines du Koppenackberg, du Löschenbruchberg, du Kremberg, du Felsberg, de l’Evendorferberg et du Klausberg, s’étageant entre 225 et 325 m d’altitude.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’agriculture et l’élevage sur le terroir de Montenach ont permis l’épanouissement d’une flore d’orchidées déjà très appréciée et connue des botanistes et naturalistes de l’époque. Malheureusement, le bouleversement des pratiques agricoles d’après-guerre et l’arrêt progressif du pâturage allaient provoquer la disparition de certaines d’entre-elles. Parallèlement, les parcelles en relief trop pentues, qui empêchait toute mécanisation, furent délaissées, laissant le champ à une active recolonisation arbustive. Le géologue Nicolas Theobald fut le premier à dénoncer les conséquences de cet abandon sur la biodiversité d’un site dont la richesse était connue depuis plus d’un siècle. Cette mise en garde trouva un écho auprès de la municipalité qui obtint en 1985 le classement en Réserve Naturelle volontaire de 90 hectares de pelouses calcaires.
L’année 1990 marque un tournant avec le dépôt de dossier "Réserve Naturelle Nationale", la création de l’Association des Amis de la Réserve des Sept Collines et la mise en place du sentier de découverte. Le classement a finalement lieu le 8 février 1994. L’Etat en confie la gestion au Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine.
La spécificité de la réserve naturelle réside dont fortement dans son relief, offrant une diversité de milieux naturels et de paysages : les vallons boisés, frais et humides, côtoient les pelouses calcaires, les affleurements rocheux, les cultures, les pâtures, et les friches, la rendant particulièrement attrayante.
Printemps, la belle saison
L’attrait principal du site se concentre sur les pelouses calcicoles et thermophiles. 24 espèces d’orchidées sauvages échelonnent leur floraison en compagnie d’un cortège de plantes aux affinités méridionales. Dès le mois de mars fleurissent les scilles, le Bois-joli ainsi que les primevères. En avril, la floraison des violettes précède de peu l’apparition de l’Orchis mâle (les orchis et les ophrys sont des orchidées sauvages). Les ombelles blanches de l’Ail des ours «parfument» les sous-bois de la réserve naturelle.
La période optimale pour observer un maximum d’orchidées se situe entre le 15 mai et le 15 juin. On retrouve beaucoup d’espèces présentes en nombre comme l’Orchis moucheron et ses centaines de pieds. Bien sûr d’autres plantes fleurissent en cette saison comme l’Origan commun ou Marjolaine sauvage (en fleur en juin) et l’Hélianthème -fleur du soleil en grec- et sa belle couleur jaune doré, en fleur vers fin mai / début juin. Dans ce bal des couleurs, on ne peut écarter l’Aubépine en fleur toute de blanc vêtue et le Cornouiller mâle en jaune quant à lui.
Sur les affleurements rocheux les mieux exposés, on observera la Fumana vulgaire et la Mélique ciliée, toutes deux protégées.
Alors que la hêtraie s’impose sur les versants nord, à l’opposé, le versant ensoleillé s’habille d’une chênaie-hêtraie dont l’accent méridional est donné par les survivants d’une chênaie pubescente qu’accompagnent le Grémil bleu pourpre, le Sceau de Salomon odorant, l’Herbe aux cerfs, le Trèfle rougeâtre et la Marguerite de la Saint-Michel. Toute ces espèces ne sont pas des espèces d’ombre !
La diversité floristique ne peut que favoriser l’entomofaune. On dénombre 76 papillons diurnes et plus de 600 nocturnes. Vous observerez principalement des citrons et des azurés, mais aussi le Demi-deuil et le Damier de la succise quand sa plante hôte, la scabieuse, est en fleur (juin/juillet/août).
L’été, on dirait le Sud
On retrouve une belle ambiance de Sud de la France (jusqu’au Nord de la Loire) : la présence des sauterelles, des criquets mais aussi des mantes religieuses, de la Cigale des montagnes et du Grillon italien confirme les affinités méridionales du site !
La variété des biotopes est également propice aux reptiles même s’il est assez difficile de les voir. Deux espèces de lézards sont présentes : le Lézard des souches et le Lézard des murailles ainsi que, dans les secteurs ensoleillés, l’Orvet, la Coronelle lisse - qui ressemble à la vipère mais n’est pas dangereuse -, et la Couleuvre à collier.
Couleurs automnales
Au milieu des strates herbacées brûlées à cause de la sécheresse, les couleurs automnales sont magnifiques et offrent un tout autre visage à la réserve.
Toutes les baies des arbustes sont en fruits ce qui offre une possibilité de nourrissage aux oiseaux pour préparer l’hiver : on retrouve les cornouilles, les fruits des rosiers sauvages, le cynorhodon (gratte-cul)…
Avis aux gourmands, il subsiste aussi un noisetier et un noyer à l’entrée de la réserve naturelle !
Manteau d’hiver
La gent ailée offre un catalogue de près de 80 espèces différentes. C’est à cette période que vous observerez le plus facilement les oiseaux présents sur la réserve naturelle et non au printemps, où on ne peut que se contenter de les entendre. Dans la forêt, on peut trouver les geais, les pics et les mésanges. Des rapaces survolent également la réserve naturelle comme les Milans royaux et un couple de buses blanches. Côté faune, on note des passages de chevreuils, de sangliers, de renards, de blaireaux, de lapins et de micromammifères (musaraignes, campagnol…) qui y trouvent gîte et couvert.